Entretien d’Eleonora Marino de la Compagnie EMTHEATRE avec Oriane Morriet

-Pouvez vous présenter en quelques mots le parcours de la compagnie EMTHATRE ?

         La Compagnie EMTHEATRE est née en 2006 sous l'impulsion du spectacle « COOKING RELIGION-la cuisine comme identité ». Il s'agissait de construire un projet lié à ce spectacle. La Compagnie porte ainsi des projets pluridisciplinaires qui se déclinent en spectacles théâtraux, en performances, en happenings et en projets pédagogiques. Ce sont des moment d'échange, de rencontre pour le public et les personnes qui travaillent pour la Compagnie.

-Pouvez-vous présenter votre parcours ?

         Mon parcours est pluriel. Je me suis d’abord tournée vers le théâtre avant d’aborder les arts plastiques. Les différents maîtres que j’ai rencontrés m’ont transmis l'amour d'un théâtre ouvert. Je désire franchir les frontières, aller à la rencontre de langages qui puissent se mêler au monde du théâtre. Le comédien et son jeu sont pour moi une présence essentielle au théâtre.

-Pouvez-vous nous parler du « Grain à moudre », votre projet actuel ?

         Cette année, nous avons eu l'opportunité de faire une résidence à la Halle au Cuirs de La Villette, puis au CENTQUATRE afin de créer le projet du « Grain à Moudre » qui s'articule autour du spectacle « PANE-Chacun cherche son pain », de la performance « BON COMME LE PAIN » et de l'installation « NAPPES ».

-Quand avez-vous joué « BON COMME LE PAIN » pour la dernière fois ?

         Nous avons joué « BON COMME LE PAIN » à Paris en avril 2012 pour la Fête des Tulipes, dans le magnifique Parc de la Légion d'Honneur à Saint Denis. C'était une très belle expérience, pleine de rencontres.  La diversité des compagnies et des spectacles mettaient en valeur ce festival.

-  « BON COMME LE PAIN » est une performance sensorielle. Pouvez-vous nous expliquer ce qu'est une performance sensorielle ?

         Avec « BON COMME LE PAIN », le spectateur est entraîné dans un voyage sensoriel à la fois auditif, olfactif et gustatif. Ce voyage met le spectateur en relation avec son vécu et son univers émotionnel. Chacun des spectateurs s’approprie donc le spectacle et l’interprète d’une façon qui lui est propre.

-Pourquoi avez-vous choisi de travailler à partir du thème de la nourriture ?

La nourriture est un langage spécifique à chaque culture. Elle s'inscrit dans une tradition anthropologique et culturelle. Le choix des aliments fait en effet partie de notre histoire et de notre situation géographique. C'est un élément fondateur de la communauté, et à plus petite échelle, de la famille. La richesse de ce thème donne une liberté d’inspiration et d’évocation passionnante.

-Et pourquoi le pain ? Quelle est sa composante culturelle ?

         Il y a deux ans, j'ai eu envie de travailler sur le thème du pain. Le pain est un thème qui permet de se poser des questions universelles de l'appartenance à une communauté. Il permet ainsi de traverser les différentes cultures. Le pain, c'est non seulement la quête de la survie corporelle, mais également la quête de la survie spirituelle. Chacun a besoin de son pain pour franchir les étapes de la vie.

         Ce thème est si riche qu’il est difficile d’en exploiter toutes les possibilités.

-Comment a réagi le public de « BON COMME LE PAIN »?

         Avec la performance, le public entre dans la dimension onirique du pain. Ils sont surpris, et enthousiastes. Ils font un voyage dans le temps : c'est un retour à l'enfance. Si on adhère au parti pris de « BON COMME LE PAIN », on entre dans le spectacle à 100%. On prend un moment à la fin de la performance pour partager cette expérience avec le public.

-Vos projets pour l’avenir ?

         Nous espérons pouvoir partager le projet du « Grain à Moudre » avec de nombreux publics, dans de nombreux lieux. Le spectacle, la performance et l'installation sont des projet vivants, qui sont constamment en transformation.

         Mais nous allons également faire de nouvelles créations, en lien avec de nouveaux thèmes.